La dénutrition des seniors
La dénutrition de la personne âgée. La dénutrition résulte d'un déséquilibre entre les besoins du corps humain et les apports nutritionnels. Chez la personne âgée, elle est souvent liée à une consommation insuffisante d'aliments et se traduit par une perte de poids, en particulier de masse musculaire. Trop souvent ignorée, la dénutrition de la personne âgée est un enjeu de santé public majeur. La dénutrition induit ou aggrave un état de fragilité et/ou de dépendance chez la personne âgée. Elle affecte sa qualité de vie et son espérance de vie.
La dénutrition, quelles causes ? Avec l'âge, plusieurs facteurs peuvent entraîner une modification de la prise alimentaire. La baisse de la capacité à percevoir le goût des aliments, une mauvaise dentition, l'apparition de troubles de la déglutition, la sensation de bouche sèche, rendent l'acte alimentaire peu attractif, inconfortable, parfois même douloureux. La baisse de revenu, la solitude, le manque de compétences culinaires entraînent une baisse de la variété alimentaire. Les maladies neurologiques telles que la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson ou les conséquences d'un AVC s'accompagnent fréquemment de troubles du comportement alimentaire. Enfin, la dépression, la survenue d'une pathologie, d'une hospitalisation, la prise de médicaments, s'accompagnent très souvent d'une baisse d'appétit.
La dénutrition, quelles conséquences ? La fonte musculaire accentue les risques de chutes et donc de fractures. La dénutrition est aussi à l'origine de déficits immunitaires et donc d'infections ou d'aggravation de pathologies existantes. On parle souvent de la « spirale de dénutrition ». La dénutrition initie une altération de l'état de santé et déclenche un premier épisode pathologique (par exemple une chute). Ce dernier entraîne à son tour une aggravation de la dénutrition (par exemple, perte de poids lors de l'hospitalisation), pouvant se traduire par un déficit immunitaire. D'autres épisodes pathologiques plus graves surviennent, jusqu'à un stade où il n'est plus possible de revenir en arrière.
La dénutrition en chiffres clefs. D'après une revue de la littérature effectuée par la Haute Autorité de Santé, la dénutrition concerne 4% des personnes âgées autonomes, 25 à 30% des personnes âgées bénéficiant d'une aide pour les tâches de la vie quotidienne, 15 à 38% des personnes âgées vivant en maison de retraite et 50 à 60% des personnes âgées hospitalisées (HAS, 2007).
Les situations à risques de dénutrition : il existe des situations qui peuvent malheureusement favoriser la mise en place de la dénutrition.
- Un environnement psychologique ou social défavorable (deuil, isolement, difficultés financières…)
- Un nombre important de médicaments ou des médicaments modifiant le goût
- Les pathologies, les infections, la douleur, un alitement prolongé
- Les troubles bucco-dentaires (mauvaise mastication, dents absentes, dentier inadapté…)
- Les troubles de la déglutition
- Les régimes restrictifs
- Les états dépressifs, les troubles du comportement
- Les maladies démentielles
- La dépendance fonctionnelle ou/et alimentaire
Dépister la dénutrition.Une manière simple de prévenir et dépister la dénutrition, c'est de se peser régulièrement – une fois par mois. Chez la personne âgée, une perte de poids significative et involontaire n'est jamais normale. Une perte de poids supérieure ou égale à 5% en 1 mois ou à 10% en 6 mois par rapport au poids habituel est un signal d'alerte. En cas de doute, le médecin prescrira une analyse sanguine (mesure du taux d'albumine et de pré-albumine). Savoir dépister la dénutrition, c'est aussi savoir reconnaître les situations à risque :
- La survenue d'une pathologie, d'une hospitalisation, un alitement prolongée
- La dépression, la douleur
- La prise d'un nombre important de médicaments
- Les difficultés financières, l'isolement, le veuvage
- Les troubles de la déglutition
- Une mauvaise dentition, un dentier inadapté, les mycoses buccales, la sensation de bouche sèche, lorsque manger devient douloureux
- Les régimes restrictifs
- La dépendance, la délégation des tâches de la vie quotidienne (et notamment les courses, la préparation des repas) à un tiers
Lutter contre la dénutrition. Dès lors que la dénutrition est diagnostiquée, il est important d'agir vite. En effet, sans prise en charge, elle risque de s'aggraver pour atteindre un stade où il n'est plus possible de revenir en arrière. Selon le degré de sévérité, plusieurs actions peuvent être mises en place :
Un soutien nutritionnel par le médecin traitant ou une diététicienne. L'objectif est d'évaluer avec la personne ce qu'elle mange et de lui proposer des aménagements dans son alimentation pour augmenter les apports nutritionnels. On peut ainsi proposer à la personne d'ajouter une collation dans la journée, de diminuer la période de jeune nocturne entre le repas du soir et le petit-déjeuner (inférieure à 12h pour éviter les hypoglycémies matinales et de puiser dans les réserves musculaires), de consommer davantage d'aliments riches en calories et en protéines (laitages, jambon, desserts à base d'œufs…).
Un enrichissement de l'alimentation quotidienne. Cela consiste à ajouter des aliments riches en calories ou en protéines dans les aliments que la personne âgée a l'habitude de consommer. On peut ainsi ajouter du fromage fondu dans de la soupe, mettre un œuf supplémentaire dans une quiche ou un flanc, ajouter de la crème fraîche dans les pâtes, ajouter de la poudre de lait dans un yaourt, un fromage blanc ou en remplacement du nuage de lait dans le café ou le thé.
Les compléments nutritionnels oraux. Ce sont des mélanges nutritifs hyper-caloriques et/ou hyper-protéinées, prescrit par un médecin. Ils existent sous différentes formes : potages, boissons, crèmes… Ces compléments nutritionnels peuvent être pris au moment des repas ou au moment d'une collation.