Notre équipe

Le site Senior & Sens est piloté des chercheurs du Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation et du CHU de Dijon, avec le support de partenaires publics et privés des projets Aupalesens, Renessens et Alimassens. Le site Senior & Sens a pour objectif de proposer une information de qualité sur la dénutrition des personnes âgées et de diffuser les dernières avancées de la recherche sur ce thème.

Le sens de nos projets. Depuis 2010, l'état Français a financé 3 programmes de recherche au travers des appels d'offre de l'Agence Nationale de la Recherche. L'objectif de ces projets est de fédérer des compétences en nutrition et en sensorialité afin de développer des solutions originales pour prévenir et lutter contre la dénutrition des seniors. Notre ambition : permettre à tous nos aînés d'avoir une alimentation qui réponde à leurs besoins nutritionnels tout en tenant compte de leurs capacités et de leurs préférences. Notre crédo : manger avec plaisir pour le plaisir de bien vieillir.

Galerie de portraits.


Miriam Clegg, Chercheuse, University of Reading

Quand j'étais petite, c'était toujours un plaisir de rendre visite à mes grands-parents. Leur cuisine était toujours pleine de scones tout frais, de gâteaux, de desserts aux fruits, le tout avec beaucoup de crème anglaise ! Mais en vieillissant, ma grand-mère a perdu l'envie de cuisiner. Après le décès de mon grand-père, il est devenu évident qu'elle n'avait plus de plaisir à cuisiner et à manger.
Mes propres parents n'en sont pas encore là, mais les défis seront différents pour eux en matière d'alimentation. Ils essaient de consommer des produits sains, pauvres en matières grasse. Ils ne consomment plus de viande ni d'œufs. Durant toute leur vie d'adultes actifs, ils ont été informés des effets néfastes d'un excès de cholestérol. Ils ne savent pas très bien ce que sont les protéines et les inciter à en manger davantage va à l'encontre de leurs croyances sur ce qui constitue une alimentation saine.


Mathilde Descamps, Doctorante AlimaSSenS

En automne dernier lorsque j'ai rendu visite à ma grand-mère, nous avons cuisiné ensemble une purée de potimarron. Elle n'en avait jamais mangé et l'a trouvé délicieuse mais refuse d'en cuisiner sans moi car, dit-elle, "je n'arriverai jamais à en faire une aussi bonne". Depuis, quand je lui rend visite et quelle que soit l'époque de l'année, elle me demande d'aller acheter du potimarron pour lui faire cette fameuse purée !
Lorsque les personnes âgées se retrouvent seules, elle n'ont plus goût à cuisiner de bons petits plats. Leur proposer des aliments adaptés à leurs envies leur permet de garder du plaisir à manger, et si elles peuvent partager ce plat avec leurs proches c'est encore mieux !


Gilles Feron, Chercheur INRAE

L'été dernier, j'ai invité mes parents au restaurant. Mon père âgé de 85 ans et appareillé dentaire a choisi un magret de canard aux figues qui lui faisait particulièrement envie. Il le mangea mais avec tant de difficultés qu'il en perdit une grande partie de son plaisir. Heureusement, la mousse au chocolat blanc et aux framboises du dessert lui fit retrouver tout son sourire !
Les personnes âgées ont de plus en plus de mal à mâcher et à avaler certains aliments. On se doit de leur proposer une offre alimentaire saine et adaptée à leurs difficultés pour faire en sorte que manger continue à être le plus longtemps possible un plaisir partagé.


Ségolène Fleury, Doctorante

En vieillissant, ma grand-mère a eu la chance de rester chez elle jusqu'à la fin de sa vie. Elle vivait dans la maison où elle avait grandi, au bord de l'eau. Cela était possible car ses enfants se relayaient pour prendre soin d'elle. Ils lui faisaient ses courses, lui préparaient des repas.. Mais malgré cela, elle avait de moins en moins d'appétit. A chaque fois qu'on passait la voir avec mes frères et sœurs, nous lui apportions des huitres qu'elle mangeait toujours avec appétit et plaisir. Nos habitudes alimentaires se forgent tout au long de notre vie et orientent fortement nos préférences et notre comportement alimentaire, même à un âge avancé. Il est important de proposer à chaque personne âgée une alimentation « personnalisée », en accord avec ses préférences et ses habitudes.


Clémentine Hugol-Gential, Enseignante-Chercheure laboratoire CIMEOS (EA 4177, Université de Bourgogne)

Elle s’appelait Marie-Louise et lorsque j’étais petite fille, elle vivait au rez-de-chaussée de notre maison. C’était mon arrière-grand-mère, une femme douce chez qui j’adorais passer du temps. De temps en temps elle m’invitait à souper avec elle et j’étais toujours très fière d’annoncer à ma mère que ce soir je ne dînais pas à la maison. Du haut de mes 5 ans, je descendais avec beaucoup de détermination un étage. Mon arrière-grand-mère m’attendait dans sa cuisine avec un brouet clair que je trouvais délicieux tant il avait le goût de l’indépendance et de l’amour. Marie-Louise a vieilli et elle est partie en maison de retraite. Toutes les semaines j’allais la voir, et toutes les semaines elle me donnait une pièce de dix francs et des petites portions individuelles de confiture qu’elle dérobait au petit-déjeuner. Ces petites confitures que je trouvais délicieuses n’avaient plus le goût de l’indépendance mais toujours celui de l’amour. Marie-Louise est décédée il y a plus de vingt ans mais reste en moi, toujours aussi vivants, les souvenirs des brouets et des confitures, ces liens bien plus que nourriciers, ces liens de transmission et d’amour infini.


Isabelle Maître, Enseignant-Chercheure ESA Angers Loire

Vertiges, tête qui tourne, humeur morose… tel était l’état d’esprit de mon beau-père, 90 ans, lorsqu’il est venu passer quelques jours à la maison pour Pâques. Lui, si vaillant d’habitude, avait même du mal à faire le tour du jardin. Le trouvant faible et l’interrogeant sur son alimentation récente, il m’avoua ne plus avoir envie de se faire à manger et se contenter d’une petite compote le soir. « De toute façon, on a moins de besoins quand on est âgé » me dit-il. Trois jours après, une chasse aux œufs, un scrabble victorieux et un gigot cuit à point plus tard, bonne humeur, sommeil apaisé et envie étaient au rendez-vous.
Rester en bonne santé nécessite de bien s’alimenter, mais l’envie de manger dépend de nombreux facteurs. La prise en charge de l’alimentation lorsqu’on vieillit demande d’avoir une approche globale de la personne.


Claire Sulmont-Rossé, Chercheure INRAE

Quand la grand-mère de mon mari a atteint l'âge de 100 ans, toute la famille s'est réunie autour d'elle. En voyant arriver le gâteau avec le chiffre 100, son regard s'est rempli d'effroi, comme si elle réalisait tout d'un coup que c'est bien elle qui avait 100 ans. Ce moment de panique n'a duré que quelques secondes, puis elle s'est mise à sourire malicieusement… et a alors mis son doigt en plein milieu du gâteau pour le lécher ensuite devant toute l'assemblée !
L'alimentation doit rester avant tout et jusqu'au bout un plaisir. Promouvoir une alimentation saine doit se faire en respectant les habitudes et les préférences alimentaires des personnes âgées, consommateurs à part entière.


Øydis Ueland, Chercheure à NOFIMA, Norvège

Ma belle-mère a toujours apprécié les repas qu'elle et son mari préparaient et partageaient ensemble. Mais depuis le décès de mon beau-père, elle n'a plus très faim. Elle mange un peu, parce qu'elle sait que c’est nécessaire, mais sans grand plaisir. Son meilleur repas de la journée, c’est le déjeuner, qu’elle prend en compagnie de son journal. Aujourd'hui, nous l'invitons à rester avec nous le week-end et nous passons de longs moments à manger ensemble des petits déjeuners et des dîners copieux tout en bavardant.
Manger dans un cadre social avec sa famille ou ses amis est un moyen efficace pour augmenter la prise alimentaire des personnes âgées. Elles ont l’impression que la nourriture a un meilleur goût et elles ont plus d’appétit.


Virginie Van Wymelbeke, Chercheure CHU

Ma grand-mère était diabétique, avait du cholestérol, de l'hypertension et un surpoids. Si la plupart du temps, elle faisait attention à son alimentation, elle ne concevait pas de faire la recette de sa tarte aux pommes sans les ingrédients authentiques qu'elle connaissait depuis son enfance : « avec du sucre, de la créme fraîche, du beurre et des œufs, c'est ça qui fait le goût et que c'est bon ! » disait-elle.
L'alimentation fait appel aux souvenirs et permet à chaque personne de construire son répertoire alimentaire. Parce que respecter le goût, c'est respecter les choix et donner du plaisir à manger.