Florian SANGUINET

gris Doctorant en sociologie
vert UMR CESAER
gris Institutions : INRAE – Institut-Agro
gris Mail : florian.sanguinet@agrosupdijon.fr 

Titre de thèse : Coûts et bénéfices de la transition agricole : ethnographier les formes du calcul dans les exploitations et les confronter aux instruments de normalisation comptable

Encadrants :

Nathalie Joly
Claude Compagnone

Résumé de thèse :

Face au réchauffement climatique et à la crise de la biodiversité, l’agriculture et l’élevage se trouvent encastrés dans une situation complexe. D’un côté, ces activités participent de manière significative à ce dérèglement et de l’autre, elles sont l’une de celles qui les subissent le plus. En réponse à cela, un certain nombre d’instances nationales et internationales tentent d’évaluer les coûts et les bénéfices de la transition vers des pratiques dites « agroécologiques » afin de réduire l’impact de ces exploitations sur l’environnement ainsi qu’à adapter leurs capacités de résilience vis-à-vis de ces bouleversements. Dans ce cadre, ce n’est plus seulement la rentabilité financière qui est calculée mais aussi un certain nombre « d’externalités positives » (services écosystémiques, stockage de carbone etc.). Autrement dit, il est en train de se mettre en place, un changement dans la méthode du calcul de la rentabilité qui inclurait des aspects économiques, naturels et culturels. Les résultats obtenus permettraient alors de justifier les choix de gestion pour les années à venir et d’orienter les investissements et les financements afin d’inciter (voire d’obliger) les professionnels des mondes ruraux à des changements dans leur façon de produire. Mais les logiques d’objectivation quantitative portées par les institutions et les professionnels de l’agriculture et de l’élevage diffèrent. Bien qu’une majorité d’acteurs s’accordent sur la nécessité d’une transition, les nombres justifiant telle ou telle orientation stratégique restent un enjeu de débats et de conflits entre eux. Lors de cette thèse, il s’agira d’analyser – dans une perspective de sociologie des sciences et de sociologie économique – la façon dont des représentations sociales, des pratiques et des enjeux vont influencer la manière dont les nombres sont produits. La façon dont les exploitants agricoles comptent sera analysée et comparée à la façon dont les institutions comptent dans le cadre d’une enquête de terrain sur la production, les conflits et les négociations des nombres entre ces groupes sociaux. En s’intéressant aux controverses numérales, ce travail s’inscrit dans une perspective ethnocomptable selon laquelle le prix d’une denrée n’est pas une donnée en soi mais est bel et bien le résultat d’une mesure conventionnelle et d’un jugement sur cette mesure afin de lui donner un sens. Il s’agira alors d’analyser cette question majeure pour la sociologie économique dans son dialogue avec la science économique : comment des manières de compter diffèrent en fonction de ce qui compte pour les acteurs ?